Interview du Dr Dominique Baron*,sur la FIBROMYALGIE, rhumatologue au centre hospitalier de Lannion-Trestel
Y-a-t-il un profil, une
prédisposition à souffrir de fibromyalgie ?
Il ne semble pas que l’hérédité soit en cause. En revanche, au cours de nos recherches, nous avons été frappés par ce qu’on
appelle un terrain prédisposant. On retrouve des traits de personnalité, et/ou des parcours de vie similaires de façon relativement constante chez beaucoup de patients. On est souvent en présence
de personnes tournées vers l’autre avec un métier à composante sociale ou éducative. L’empathie, la sensibilité, l’émotivité, parfois le manque de confiance en soi, ou une mauvaise estime de soi,
sont retrouvés dans la majorité des cas. Le parcours de vie peut-être émaillé de difficulté à faire face, mais c’est souvent vers 35-40 ans qu’un incident banal, le plus souvent, fait basculer
dans la maladie. La fragilité émotionnelle, l’accumulation de stress psychique, somatique, conduit alors au « burn out ».
Pourquoi certains médecins « nient » la maladie, ou semblent « indisposés » par un patient atteint de fibromyalgie ?
Parce qu’il y a une constellation de symptômes, parce que les douleurs se déplacent, parce que la plainte est virulente, parce que les patientes sont souvent à bout, et à fleur de peau, parce
qu’il y a souvent une composante psy, parce qu’il faut passer du temps… Et comme les examens paracliniques sont normaux, il est plus facile pour le médecin de botter en touche et d’envoyer sa
patiente chez un psy !
Justement, la case « psy » doit-elle être envisagée ?
Quand elle n’est pas l’aveu d’échec du médecin ou de son impuissance, l’aide d’un psychologue ou d’un
psychiatre peut être utile. Elle ne doit pas être diabolisée par le patient, cette consultation chez ce spécialiste permet de mettre en mots, et de faire réfléchir à une modification du contexte
de vie. C’est aussi une première étape qui permet de choisir une psychothérapie de type comportementaliste, de la relaxation, de l’art-thérapie, ou de l’hypnose. La personne souffrant de
fibromyalgie a besoin d’être aidée pour souffrir le moins possible, et je reste persuadé que les techniques de gestion du stress sont une partie importante du traitement. Elles permettent de
réguler le cerveau émotionnel qui est très souvent perturbé chez ce type de patient.
Quels conseils donneriez-vous pour optimiser son traitement ?
La participation active du patient est essentielle dans le traitement de cette pathologie. Prenons
l’exemple des troubles du sommeil : seule une implication du patient permet de mettre en œuvre une véritable rééducation du sommeil, qui, elle-même est la clef pour mieux dormir. L’exemple n’est
pas anodin, car il y a une relation démontrée entre les troubles du sommeil, et les douleurs diffuses avec une sensibilité accrue à la pression des zones sensibles. Dans cette optique, on
comprend bien que la prise en charge des troubles du sommeil est un objectif prioritaire auquel le patient doit s’associer. De la même façon, la rééducation aux mouvements, et la lutte contre le
stress ne se résument pas à la prise de médicaments, et demandent une participation active.
On parle dans ce cas « d’éducation thérapeutique »… C’est un terme effectivement très en vogue. Il s’agit de faire comprendre au patient qu’il est toujours maître de
son destin, dans la mesure où il comprend les tenants et les aboutissants de la pathologie dont il souffre. C’est pourquoi, il se doit (à lui-même) d’être rapidement autonome, dans la gestion de
la douleur (médicaments, chaud, froid), de la fatigue (plages de repos, relaxation), de l’amélioration de son état (activité physique, piscine, notion de plaisir…). Le seul traitement qui marche,
c’est le patient qui le met en place.
*Auteur de « La fibromyalgie à l’épreuve des mots » (Yago).
Auteur : Hélène Hodac. SOURCE DE L’ARTICLE : http://santeauquotidien.wordpress.com/
Consultant
Expert : Dr Dominique Baron*, rhumatologue au centre hospitalier de Lannion-Trestel.
Source : American College of Rhumatology